Début novembre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) a publié la Synthèse de son 5ème Rapport d’évaluation sur le Climat. Avec plus de 800 scientifiques qui y ont contribué, il s’agit là de l’évaluation la plus complète jamais produite sur les changements climatiques.
Le GIEC a été créé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) avec pour mission de synthétiser et d’évaluer l’ensemble des documents publiés, et dont la valeur scientifique est largement reconnue, sur la thématique du Climat. Il s’agit de connaître et de comprendre l’évolution du climat, les risques et les conséquences liés à ces changements ainsi que les éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation.
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Selon le 5ème rapport du GIEC, « Les changements climatiques pourraient avoir des incidences irréversibles et dangereuses, mais il existe des options pour en limiter les effets ». Il s’agit là d’une véritable invitation à une action urgente, globale et concertée. Nous vous proposons de revenir ici sur les grandes conclusions de ce document.
La responsabilité de l’Homme dans les changements climatiques est désormais qualifiée d’ «extrêmement probable»
Depuis son premier rapport en 1990, le GIEC a progressivement pu s’appuyer sur des sources et des données scientifiques toujours plus nombreuses et il a pu largement approfondir les analyses grâce à des dispositifs plus performants. Alors que le premier rapport de 1990 n’évoquait qu’une probable corrélation entre l’activité humaine et le réchauffement climatique, la responsabilité de l’activité humaine et des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées dans les bouleversements observés est clairement établie dans le dernier document du GIEC.
« On détecte l’influence des activités humaines dans le réchauffement de l’atmosphère et de l’océan, dans les changements du cycle global de l’eau, dans le recul des neiges et des glaces, dans l’élévation du niveau moyen mondial des mers et dans la modification de certains extrêmes climatiques. On a gagné en certitude à ce sujet depuis le quatrième Rapport d’évaluation. Il est extrêmement probable que l’influence de l’homme est la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle » Source : GIEC, 5ème rapport d’évaluation, Groupe de travail I |
Si nous n’inversons pas la tendance, les impacts pourraient être dramatiques, généralisés et irréversibles
La première conséquence des nombreuses émissions de GES générées par l’activité humaine est l’augmentation progressive des températures depuis le milieu du 19ème siècle.

Températures moyennes de la surface terrestre et des océans combinées, au niveau mondial (Source : Présentation du 5ème Rapport d’Evaluation, GIEC, 2014)
Ceci a conduit à un enchaînement de bouleversements : une fonte accélérée des glaciers, l’élévation du niveau des mers, l’acidification des océans, la perturbation du cycle des précipitations, etc.
«Selon notre l’évaluation, l’atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer s’est élevé et la concentration de dioxyde de carbone a augmenté jusqu’à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans.» Source : Communiqué de Presse du GIEC, 2 Novembre 2014 |
Les impacts sur l’Homme et les écosystèmes sont potentiellement catastrophiques avec notamment des conséquences graves telles que des risques accrus d’inondations en zone côtière, une diminution des ressources alimentaires (notamment en raison d’une baisse des rendements agricoles) et des ressources en eau, l’augmentation des risques de conflits et des mouvements de populations, l’accroissement de la pauvreté, la disparition accélérée de certaines espèces,…
Par ailleurs, les pays les moins développés sont particulièrement vulnérables et fragiles face aux conséquences du réchauffement climatique.
Les causes sont multiples, mais l’utilisation des énergies fossiles reste la principale cause des émissions de gaz à effet de serre (GES)
Le secteur énergétique est responsable à lui seul de plus du tiers des émissions mondiales de GES. Ceci s’explique notamment par une importante consommation d’énergies fossiles, fortement émettrices en GES.

Source : Présentation du 5ème Rapport d’Evaluation, GIEC, 2014
Limiter le réchauffement à la surface de la terre à +2°C reste possible mais demandera des efforts importants en termes d’émissions de GES
Le GIEC a établi différents scénarios afin de connaître quelle doit être la trajectoire de réduction de nos émissions de GES (dans le graphique ci-dessous, en rouge le scénario suivant la tendance actuelle, en jaune le scénario +3°C, en bleu le scénario +2°C).

Source : Présentation du 5ème Rapport d’Evaluation, GIEC, 2014
Si nous souhaitons limiter le réchauffement à une augmentation de +2°C (il s’agit de l’objectif fixé par les Gouvernements sous couvert de la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), ceci nécessitera une réduction drastique des émissions mondiales de GES.
« pour avoir une chance de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 2 °C, il faudra réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40 à 70% par rapport à 2010 d’ici le milieu du siècle et les éliminer presque totalement d’ici la fin du siècle. » Source : Communiqué de Presse du GIEC, 2 Novembre 2014 |
Des opportunités pour limiter le réchauffement climatique
Le GIEC a identifié différentes mesures qui nous permettraient de limiter le réchauffement climatique. Parmi celles-ci :
La mise en place de ces mesures est urgente.

Source : Présentation du 5ème Rapport d’Evaluation, GIEC, 2014
Selon M. Youba Sokona, coprésident du Groupe de travail III du GIEC :
«Plus nous attendrons pour prendre des dispositions, plus l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ceux-ci coûteront cher.» Source : Communiqué de Presse du GIEC, 2 Novembre 2014 |
Accéder au Communiqué de Presse du GIEC sur la Synthèse du 5ème Rapport d’Evaluation