- L’atténuation, qui vise à réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ou également à protéger ou à améliorer les puits et les réservoirs de gas à effet de serre (GES) ;
- L’adaptation, qui vise à se préparer au mieux aux impacts dorénavant inévitables, présents ou à venir.
L’atténuation
Le cinquième et dernier rapport global d’évaluation du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) publié en 2013 et 2014 a confirmé, avec plus de 95% de probabilité (contre 90 % en 2007 et 66 % en 2001, lors de ses précédents rapports), l’origine anthropique du changement climatique 1. Dans son rapport spécial sur les impacts d’un réchauffement de 1,5°C publié en 2018, le GIEC souligne par ailleurs, avec un degré de confiance élevé, que les activités humaines ont causé un réchauffement d’environ 1°C par rapport aux périodes préindustrielles et que ce réchauffement pourrait atteindre 1,5°C d’ici 2030 et 2052 si les tendances actuelles se poursuivent 2.
Depuis la révolution industrielle, nos modèles de développement se sont majoritairement fondés sur l’exploitation intensive et massive du charbon puis du pétrole et du gaz (figure ci-dessous) 3.

Ces trois énergies fossiles représentent encore aujourd’hui plus de 80% de la demande en énergie primaire 4. Cette dépendance se répercute sur nos émissions de gaz à effet de serre qui sont, d’années en années, à la hausse. Nos trajectoires actuelles restent très largement incompatibles avec les objectifs de long terme fixés dans le cadre de l’Accord de Paris (figure ci-dessous) 5.

Dans ce contexte il est devenu vital de réduire, au plus vite, nos émissions de GES. D’une part, en préservant et en valorisant les puits naturels de carbone (forêts, zones humides, tourbières, océans et mers, sols (humus), etc.) et, d’autre part, en modifiant profondément nos modèles énergétiques, autour de trois objectifs complémentaires :
Sobriété énergétique
La sobriété énergétique consiste à réduire au maximum notre demande en services énergétiques. Cela passe par des modes de vie moins énergivores, tenant compte de l’énergie nécessaire à la production et l’acheminement de tout ce que nous consommons. Cela passe également par la promotion de nouveaux modèles sociétaux fondés, par exemple, sur une organisation territoriale limitant les besoins en transports et favorisant les modes de déplacement doux (vélo, marche) et les transports collectifs ; sur une agriculture biologique ou moins intensive et dépendante en engrais chimiques et pesticides ; ou encore sur la construction de bâtiments plus adaptés aux climats locaux (architecture bioclimatique)…
Efficacité énergétique
L’efficacité énergétique est complémentaire de la sobriété énergétique. Elle vise à réduire la quantité d’énergie nécessaire à la fourniture d’un service énergétique donné. Il s’agit, à titre d’exemple, de promouvoir les modes de transports, d’éclairage, les équipements, les systèmes de chauffage, ventilation et climatisation les plus efficients, ou encore d’améliorer les réseaux de production, transport et fourniture d’énergie, incluant les réseaux électriques.
Approvisionnement énergétique renouvelable et bas carbone
Les énergies renouvelables, bas carbone et ayant un impact limité sur l’environnement doivent approvisionner en majeure partie la demande dite incompressible (ne pouvant être réduire à travers des mesures de sobriété ou d’efficacité énergétique). Citons notamment ici le solaire thermique et électrique (photovoltaïque, solaire thermodynamique), l’éolien, l’hydroélectricité, la géothermie, les énergies marines ou encore la biomasse moderne (à condition qu’elle soit exploitée de manière durable).
L’adaptation
Les mesures d’adaptation sont complémentaires des mesures d’atténuation et visent à réduire la vulnérabilité (ou à accroitre la résilience) d’une communauté, d’un secteur économique, d’un pays, etc. aux impacts devenus inéluctables du changement climatique. La mise en place de politiques dans ce domaine demande, en premier lieu, une bonne connaissance des perturbations climatiques et de leurs impacts.
Le niveau de réchauffement des températures moyennes a été estimé par le GIEC, dans son cinquième rapport d’évaluation, à +0,85°C en moyenne depuis 1880, avec de très fortes disparités régionales. Ce réchauffement pourrait atteindre +2,6°C et +4,8°C d’ici à 2100, bien au-delà des objectifs de long terme fixés par la communauté internationale, en fonction des scénarios d’émissions (Representative Concentration Pathways – RCP)6.

Changement des températures à la surface terrestre, 1901-2012

Variations moyennes des températures de l’air en été, 2081-2100 vs 1986-2005
La hausse des températures se traduit notamment par une fonte des glaces terrestres et une montée des niveaux des mers et océans (0,2 m en moyenne depuis le début du XXème siècle – rythme le plus élevé des deux derniers millénaires), qui pourrait atteindre 1 mètre d’ici 2100. Elle modifie également les systèmes de précipitations, provoque une acidification des océans, ou encore accroît et intensifie les es évènements climatiques extrêmes (tempêtes, sécheresses, tornades, ouragans…).

Évolution des précipitations moyennes (entre 1986-2005 et 2081-2100), RCP2,6 et RCP8,5

Hausse du niveau des mers, 2010-2100 (projections)
Ces évolutions ont des impacts majeurs sur les écosystèmes marins et terrestres, la disponibilité en ressources naturelles telles que l’eau, ainsi que sur les sociétés humaines (impacts sur la santé, la production alimentaire, les infrastructures, les migrations climatiques. etc.).


L’enjeu est d’anticiper ces différents impacts et de mettre en place des mesures adaptées permettant de réduire les vulnérabilités. Cela peut inclure des actions très diverses telles que la construction de digues pour faire face aux inondations, le changement de cultures agricoles, par exemple celle du riz vers l’aquaculture dans les deltas exposés à la salinisation des eaux, la sensibilisation des populations vulnérables, la végétalisation des espaces urbains afin de limiter le réchauffement des températures et les risques d’inondations, la préservation des forêts pour lutter contre l’érosion des sols, etc.
L’exercice est cependant complexe. Les impacts des dérèglements climatiques prennent des formes multiples et variées, sont parfois très localisés, et concernent un grand ensemble de domaines. Ils s’entrechoquent souvent, et et requièrent des études et des simulations à des échelles spatiales réduites. Apporter une réponse ne peut se faire sans une approche globale au plus près des territoires chacun avec ses spécificités.
Par ailleurs, nos modèles de développement exacerbent bien souvent les vulnérabilités, créant des effets de blocages qui limitent les capacités d’adaptation de nos sociétés. Prenons, à titre d’exemple, le bassin méditerranéen, un point chaud du changement climatique, où les risques sont souvent renforcés par une urbanisation littorale rapide et parfois chaotique. L’accélération et la généralisation de ces modes de vie rendront encore plus difficiles les interventions pour les protéger des effets attendus des changements climatiques.
Enfin, les pays en développement sont généralement les plus exposés et ne disposent pas de moyens techniques et financiers suffisants pour faire face à ces nouveaux défis, qui viennent s’ajouter à des réalités déjà fragiles et complexes. Face à cela, la coopération multilatérale et internationale reste donc indispensable à toutes les échelles, du local au mondial